Les PME manufacturières tardent à prendre le virage 4.0. Selon le Baromètre industriel québécois 2019, près de la moitié des entreprises interrogées n’ont intégré aucune ou qu’une seule des dix technologies numériques identifiées dans le cadre de l’étude, alors que seulement 5 % en ont intégré six ou plus.
Marquée par la pandémie de COVID-19, l’année 2020 a montré l’importance de solutions de connexion numérique et en a accéléré la mise en place. « On connaît bien les appareils à notre disposition, on parle de quatrième révolution industrielle depuis près de dix ans. C’est dorénavant la rapidité à laquelle les transformations s’effectuent qui est révolutionnaire », souligne Hany Moustapha, professeur à l’École de technologie supérieure (ÉTS).
Mais toutes les entreprises n’adoptent pas la même vitesse de croisière, notamment lorsqu’il est question de changements en profondeur. Or, comme de nombreuses PME sont aussi des fournisseurs de grandes organisations déjà automatisées et interconnectées, elles doivent accroître leur productivité et compenser leurs besoins en main-d’œuvre. Elles ont donc tout intérêt à passer à l’étape suivante et à commencer à embrasser les technologies numériques. En voici quelques-unes à surveiller de près en 2021.
L’interconnectivité
L’intégration des différents équipements est la clé pour optimiser les processus et gagner en productivité. Cette intégration permet entre autres de gérer les inventaires en direct, de déclencher une mise en production à distance ou d’effectuer des interventions de maintenance préventive en usine, et ce, en tout temps. « Les entreprises doivent prendre cela au sérieux et devenir agiles, sinon elles seront perdantes », précise Hany Moustapha.
Une telle interconnectivité permet à Adfast, un manufacturier de calfeutrants et de produits adhésifs de transmettre les commandes clients de leur plateforme B2B (E-Commerce) à leur ERP (Enterprise Resource Planning) et vers le MES (Manufacturing Exécution System) qui prend en charge l’exécution manufacturière des commandes clients sans aucune intervention humaine. « Des données sont collectées et analysées en temps réel sur l’efficacité des équipements et la qualité de produits. Un logiciel WMS de traçabilité des matières premières permet aux clients de suivre leurs commandes jusqu’à la livraison », explique le président d’Adfast, Yves Dandurand.
Le jumeau numérique
Le « jumeau numérique » est issu de l’interconnectivité. Il agit comme une deuxième usine, entrepôt ou magasin à distance. Il permet, depuis un portable, de répliquer exactement ce qui se passe en usine au fur et à mesure que la production se fait. « Cette technologie permet d’anticiper différents scénarios car elle nous offre une image en temps réel de ce qui se passe sur le plancher, dit Guy Genest, conseiller industriel à Investissement Québec — CRIQ. C’est une technologie qui prendra de plus en plus d’importance en 2021. »